Cette petite sortie m’a permit d’y voire un peu plus claire sur les capacité des uns et des autres… Nous sommes parti faire le Vélan par l’arête de la Gouille. Ma condition physique laissait à désirer mais était encore suffisamment valable pour tenter cette sortie sur 2 jours. Au début le Ben est parti sur un projet de faire l’arête Hannibal en 1 journée mais ma condition physique n’étant pas la sienne j’ai préféré lui proposer un tour un peu plus conventionnel.
Le premier jour, on s’est donné rendez-vous à Vevey. Je me rends compte sur le parking que la gardienne m’avait appelé. Je la rappelle inquiet mais elle voulais juste que je lui ramène un paquet de clous de cercueils car elle était à sec. Antoine et le Ben me rejoignent car je n’était pas sur le bon parking et nous partons. J’étais le nez dans le topo quand je me rends compte que j’avais oublié la corde dans le coffre de la voiture… demi-tour et 15 minutes plus tard nous voilâmes au même endroit… merci le boulet!!!!
La montée au refuge fût déjà une « épreuve » pour moi, en effet je me rends compte que j’ai beaucoup de peine et j’ai sacrément mal au dos. On fait une pause avant la montée au refuge pour casser une croûte et après mon dos va mieux mais je galère toujours. On pose quelques affaires au refuge (nous ne sommes que 17 à dormir au refuge et que 7 à faire le Vélan demain Cool!) dont les tiges que la gardienne attendait tant et on part faire un tour sur le glacier histoire de réviser un peu les manœuvres. Le soir le repas fût trop copieux et trop bon comme d’habitude! Je m’endors comme une grosse masse sans demander mon reste dans la chambre de 8 que l’on occupe à 3!!!!
3h45 je me réveille après une nuit un peu turbulente comme souvent à cette altitude. Je me prépare et sorts fumer une clope, la nuit est claire sans un nuage à l’horizon. Un petit café et c’est parti, 4h30 on refait le chemin parcouru la veille pour atteindre le glacier. Une fois sur place on se fait doubler par une cordée plus efficace et surtout plus rapide que nous. La seconde cordée nous suit, c’est le Ben qui est devant. Il a tendance à tirer tout droit, mais cela ne sert à rien je lui dis plusieurs fois que sa trace est trop raide mais c’est dur de corriger ses habitudes.
6h30 on arrive au départ du col, on laisse passer la cordée de 2 qui nous suivait jusque là et on est parti tranquille dans nôtre voie avec cette fois-ci c’est Antoine qui passe devant. Comme nous n’avons pas les mêmes niveaux, la configuration à 3 en corde tendue n’est pas facile à « sécuriser » mais nous nous en sortons pas trop mal (surtout Antoine). Le Ben n’en menait pas large sur l’arête mais il s’est bien accroché et c’est passé, nécessitant un peu de sec de temps en temps mais rien de bien méchant. Arrivé à un premier collut, le Ben dans un moment de faiblesse après quelques passages raides et une désescalade ardue pour lui me demande si l’on peut redescendre mais c’est pas possible ici et nous continuons nôtre bonhomme de chemin.
Les nuages commencent sérieusement à s’accrocher au relief et nous mettent dans le brouillard par moment. Le vent se renforce aussi. Nous arrivons donc au col avant la dernière partie d’arête et nous tombons sur la cordée qui nous précédait qui nous disent: « les autres ont déjà entamé la descente par là et nous les suivons, si vous voulez redescendre vous n’avez qu’à suivre les traces ». Il nous ont fait une petite flèche dans la neige (c’est ti pas mimi)… Bref. On se concerte et j’explique aux deux autres que nous avons largement le temps de monter au sommet en sécurité par rapport aux orages mais que nous allons devoir subir le vent fort tout du long. On décide de ne pas prendre l’option arrachage de tête pour plutôt choisir « moutonisme ». Je nous fait perdre du temps pour rien en me demandant « crampons or not crampons ». Question qui n’a pas lieu d’être! On met les crampons et on repart. Antoine tient toujours la place de premier mais quand nous rejoignons les autres dans le brouillard, je reprend les commandes car la situation est un poil merdique, on y voit rien au milieu des crevasses avec des ponts qui me semble plus que fragile.
J’ai pris un peu de temps pour nous situer avec le gps, la carte et ce que l’on voyait. Nous amorçons nôtre descente quand tout à coup une des deux cordée remonte et son leader nous dit: « on redescend par l’arête, vous pouvez nous suivre si vous voulez! ». On était à une centaine de mètre linéaire de la trace normale de descente alors je leur souhaite une bonne descente et nous continuons en direction de l’autre cordée. J’ai mal géré ma position en passant en premier dans la descente et en laissant le Ben en dernier. Je regarde fréquemment comment le Ben s’en sort et ça n’as pas loupé il glisse et je crie à Antoine « ATTENTION » sur le moment il s’est préparé à tout chute de pierre, de sérac, du Ben, d’avion ou encore de poulpe… Le Ben gère bien, il s’arrête sur 3-4 mètres.
On rejoint la cordée devant et je discute un peu avec leur leader pour savoir ce qu’il font et comment ils vont. Cela ne va pas trop mal et ils veulent partir plein Est pour rejoindre le bastion rocheux. Quand il me dit « on est là » je décèle une note de certitude mais il me montrait un point au mauvais endroit. Je leur explique que j’ai une trace fiable dans le gps et qu’on est à 30m de celle-ci mais il me semble un peu borné à faire ce qu’il a décidé, comme cela me semblait plus long que notre option mais pas plus exposé, je leur dis « à tout à l’heure » et on se sépare. On rejoint la trace de descente, cela fait du bien de quitter les pentes raides pleines de trous pour mettre pied sur de la pente douce bien bouchée.
On rejoint assez vite le pied du col où l’on se pose pour se libérer de la corde et des crampons. Nous apercevons la cordée que nous avions laissé plus tôt qui passe devant nous en disant que le départ du col devrait être plus bas, je leur dis « à tout à l’heure ». En effet, les peaux de bananes et autres trace humaine ne laisse que très peu de doute. Antoine monte un peu, il trouve un déchêt et me dit « les papiers ça compte comme indice? », il monte 10 mètres tout droit et je lui dis « parts à droite, blablabla » et là il me dit qu’il voit la chaîne et qu’elle est juste au dessus de nos courges 😐 alors je me la coince :).
Le passage du col fût une expérience intéressante pour le Ben 😉 On arrive sur le glacier en même temps que l’autre cordée, on se ré-encorde et on repart. On a pas fait 20 mètre quand un cri retenti sur l’arête suivi d’un autre et de la chute d’un rocher. Un long silence… On est encore à la limite avec le brouillard on ne les voit pas. On appel, on siffle, rien… Au bout d’un moment on entend « vous allez bien? », je pense qu’ils ont fait partir une pierre, qu’ils ont dut se rétablir avant d’avertir qu’ils allaient bien. J’ai craint que le brouillard nous révèle deux corps sans vie sur le glacier… Ouf! On trace sur le glacier et on rejoint assez vite la moraine. Quand on arrive au refuge et on est surpris d’être les premiers malgré les deux poses que l’on a fait pour reposer mon dos et pour virer la corde et les crampons. La cordée qui nous suivait est arrivée 30 minutes plus tard et on est parti du refuge au moment où les derniers étaient dans la descente sous le col.
La descente à la voiture fût un véritable calvaire, mal au dos et surtout mal au pieds mais tout ceci fût presque oublié au moment de savourer la salvatrice bière de fin de course!!! Un grand merci au Ben qui à trouvé son appareil photo et qui n’a pas oublié de mettre une carte mémoire dedans… 😀